Mal
Main d’écrivain Bataille huile sur toile 20 x 20 cm
Extrait de l’interview de Georges Bataille par Pierre Duyamet lors de l’émission « Lecture pour tous » le 21 mai 1958, sur son essai « La littérature et le mal » .
– Quel est le mal dont vous parlez ?
Georges Bataille, enfoncé dans son fauteuil, les mains croisées, se redresse, pose ses bras sur les accoudoirs et répond, d’un voix douce et monocorde.
– Il y a je crois deux sortes de mal qui s’opposent principalement l’un qui tient à la nécessité que les choses humainement se passent bien et aboutissent au résultat voulu et l’autre qui consiste à enfreindre positivement certains interdits fondamentaux comme par exemple l’interdit du meurtre ou l’interdit de certaines possibilités sexuelles.
(…) Il me semble que si la littérature s’éloigne du mal, elle devient vite ennuyeuse. (…) la littérature doit mettre en cause l’angoisse, que l’angoisse est toujours fondée sur quelque chose qui va mal, sur quelque chose qui tournera gravement mal sans doute… C’est en mettant le lecteur dans la perspective, tout au moins devant la possibilité d’une histoire qui tournera mal (…) devant cette situation désagréable qui crée une tension que la littérature évite d’ennuyer le lecteur….
– Vous avez écrit un livre sur l’érotisme, est-ce que l’érotisme en littérature est un enfantillage selon vous ?
– Je ne sais pas si la littérature se distingue de l’érotisme en général à cet égard, mais il me semble qu’il est très important d’apercevoir le caractère enfantin de l’érotisme dans son ensemble… est érotique quelqu’un qui se laisse fasciné comme un enfant par un jeu et par un jeu défendu et l’homme que l’érotisme fascine est tout à fait dans la situation de l’enfant vis-à-vis de ses parents, il a peur de ce qui pourrait lui arriver et il va toujours assez loin pour avoir peur il ne se contente pas de ce dont les adultes vraiment sains se contentent. Il lui faut avoir peur. Il lui faut se retrouver dans la situation où il était enfant et où il était menacé constamment d’être grondé même très sévèrement, d’une façon insupportable, intolérable.
– Ce n’est pas une condamnation de la littérature ni du mal ? (contrairement à ce qu’on aurait pu entendre?)
– Il est certain que c’est une mise en garde. C’est à dire que l’on doit mettre en garde contre un danger mais il est possible que lorsque on a mis en garde contre un danger on donne à celui que l’on a mis en garde des raisons de l’affronter. Et je crois qu’il est essentiel pour nous d’affronter le danger que représente la littérature. [il se fait plus incisif]
Main d’écrivain Bataille Fusain sur toile 20 x 20 cm
gros plan sur les mains de l’écrivain : je crois que c’est un très grand et très grave danger mais que l’on est vraiment homme qu’en affrontant ce danger et je crois que c’est dans la littérature que nous affrontons les perspectives humaines restituées sous leur jour le plus entier parce que la littérature ne nous laisse pas vivre sans apercevoir les choses humaines dans la perpective la plus violente.
Main d’écrivain Bataille Fusain sur toile 20 x 20 cm
fin du gros-plan
– que l’on songe à la tragédie, à Shakespeare et il y a de multitudes d’aspects du même genre, c’est tout de même la littérature qui nous permet de voir le pire, et de savoir lui faire face, de savoir le surmonter et somme toute cet homme qui joue trouve dans le jeu la force de surmonter ce que le jeu entraine d’horreur.»
Main d’écrivain Bataille huile sur toile 20 x 20 cm
Un entretien de Bataille par Duras est publié dans France observateur du 12 décembre 1957 ; il est suivi en mai 1958 de l’entretien télévisé avec Pierre Dumayet dans l’émission Lectures pour tous. En 1958, le premier numéro de La Cigüe, titré « Hommage à Georges Bataille », lui est entièrement consacré, avec des contributions de René Char, Jean Fautrier, Michel Leiris, Jean Wahl, Marguerite Duras, et bien d’autres. Les écrits de Bataille commencent à être reconnus non seulement par ses pairs, mais aussi par une jeune génération d’intellectuels et d’écrivains.
Alors qu’il a de plus en plus de difficultés à travailler, il publie en 1959 Le Procès de Gilles de Rais. (wikipedia)
En 1957, c’est en Algérie, la Bataille d’Alger et les méthodes que l’on sait avoir été utilisées par l’armée Française pour éradiquer le « terrorisme ». La libération du peuple algérien commence là où la honte des colons passe à l’acte.
A George Bataille, né en 1897, il ne reste que 5 ans à vivre. En 1955, il a signé avec Dionys Mascolo et de nombreux intellectuels et personnalité issues du parti communiste pour la « cessation de la répression du peuple algérien » La santé de Bataille est défaillante. EN 1955, il a en tête un projet d’histoire de l’art. (Lascaux… Manet).
En 1955 Bataille à consacré un livre aux grottes de Lascaux. Il veux voir par en dessous. Dans le puits, il est fasciné par cette image, peinture pariétale, un bison blessé devant un corps humain ithyphallique à la renverse. Lien pour lui indémêlable de l’érotisme et de la mort.
En 1957, Georges Bataille publie La littérature et le Mal chez Gallimard, 231 pages (achevé d’imprimer le 30 juillet). En même temps que ce recueil d’articles, paraissaient chez Jean-Jacques Pauvert Le Bleu du Ciel et aux Editions de Minuit L’Erotisme.
Le Bleu du ciel a été écrit en 1935. Sur l’insistance de ses amis, Bataille le publie en 1957.
La dédicace est à Andre Masson.
Que vaut le signe d’un corps annonciateur d’une tragédie ?
Au commencement était le verbe.
Et verbum caro factum est/ et le verbe s’est fait chair
Extrait de la préface du Bleu du ciel « Un peu plus, un peu moins, tout homme est suspendu aux récits, aux romans, qui lui révèlent la vérité multiple de la vie. Seuls ces récits lus parfois dans les transes, le situent devant le destin… (…) seule l’épreuve suffocante, impossible, donne à l’auteur le moyen d’atteindre la vision lointaine attendue par un lecteur las des proches limites imposées par les conventions. »
Ce qu’il dit Bataille c’est que cette expérience d’un corps face à la sexualité et à la mort, mêléss, renversées, cette expérience de l’enfant transgressant pour s’affronter au limites du mal, passe par la littérature. « comment nous attarder à des livres auxquels sensiblement, l’auteur n’a pas été contraint. »
Le bleu du ciel ! Un sexe dressé enfin dans l’angoisse. Un cimetière se renversant dans l’acte de chair. Dorothea (Dirty) s’ouvrit.
Bataille ou plutôt Troppmann. Les romans de Bataille sont publiés sous pseudonymes (Troppmann, Lord Auch, Pierre Angélique, Louis Trente et Dianus). En 1935, (il a 38 ans). Troppmann voit venir la guerre, dans la débauche et au bordel. Il boit, tremble, vomit, se sent coupable, revient sur ce qu’il croit être de la nécrophilie, sur les heures qui suivent la mort de sa mère, alors qu’il enlève son pyjama, en présence du cadavre…
– jusqu’où êtes vous allé ?
– Je n’ai pas bougé, j’étais troublé à en perdre la tête ; c’est arrivé de loin, simplement en regardant.
– C’était une femme encore belle ?
– Non. Tout à fait flétrie.
Philippe Sollers – Scène de Bataille : Le Bleu du Ciel est de la littérature, donc de la souveraineté en acte. Vivre au sens propre c’est choisir la débauche ; la dépense gratuite.
« Le Bleu du ciel inverse la morale en décrivant un personnage qui se dépense jusqu’à toucher la mort à force de beuveries, de nuits blanches, et de coucheries. Cette dépense, volontaire et systématique, est une méthode qui transforme la perdition en connaissance et découvre le ciel d’en-bas. ».
La littérature et le mal est un recueil d’articles paru d’abord dans la revue Critique. La dernière des nombreuses revues qui occupèrent le vie de Bataille. « Il faudrait que la conscience humaine cesse d’être compartimentée. Critique cherche les rapports qu’il peut y avoir entre l’économie politique et la littérature, entre la philosophie et la politique. ».
Les études de ce livre portent sur Emily Bronté, Baudelaire, Michelet. Blake, Sade. Proust. Kafka. Genet…
Dans l’avant propos Bataille note : « La littérature est essentielle… ou n’est rien » ;
« Le mal – une forme aigüe du Mal – dont elle est l’expression, a pour nous je le crois, la valeur souveraine. Mais cette conception ne commande pas l’absence de morale, elle exige une hypermorale. »
« La littérature c’est l’enfance enfin retrouvée. »
« Dans l’éducation des enfants ; la préférence pour l’instant présent est la commune définition du Mal, les adultes interdisent à ceux qui doivent parvenir à la « maturité » le divin royaume de l’enfance.
« L’enfant libre à la condition de nier l’adulte, ne pouvant le faire sans devenir à son tour adulte et sans perdre par-là sa liberté.
L’interdit, la transgression, la souveraineté dans l’Impossible.
« La transgression n’est pas la négation de l’interdit, mais elle le dépasse et le complète »
Il faudrait faire la liste du bien, (par le miroir inversant de ce que les auteurs étudiés dans la littérature et le Mal épouse) puisque « si nous n’avions l’avidité du Bien, le Mal nous proposerait une suite de sensations indifférentes.
Le bien donc : La sociabilité, la politesse conventionnelle. « le monde assis de la raison »
La volonté de subsister,
La considération de l’avenir.
La logique, le bonheur, la raison, l’avenir, l’utile, la production, le travail productif, la prudence, la décence, la loi, … la vie sociale des humains adultes.
En 1957 (les évènements durent depuis déjà trois ans) Des jeunes hommes à peine sortis de l’enfance, ou plutôt que l’on a arrachés de force à l’enfance embarquent.
« Bons pour le service, les hommes qui partent en Algérie sont aussi “ bons pour les filles ” – selon l’expression populaire que les jeunes appelés arborent parfois cousue dans un macaron sur leur poitrine. L’acte sexuel est programmé, passage obligatoire pour tout militaire, sur le chemin d’une virilité que la guerre est censée tremper. Certains vont s’empresser de perdre leur virginité avant d’embarquer pour l’Algérie. D’autres, plus tard, au voisinage de la mort, voudront faire l’amour une dernière fois ou ne pas mourir sans l’avoir fait. Comme l’amour et la mort, le sexe et la guerre ont bien avoir plus en commun qu’il n’y paraît. (La sexualité des appelés en Algérie – in Jean-Charles Jauffret (dir.), Des Hommes et des femmes en guerre d’Algérie, Paris, Autrement, 2003, p.402-415. )
L’enfance de Bataille est bien singulière. Son père atteint de syphilis perd la tête. Il reste dans une pièce obscure avec le jeune Georges qui assiste à sa dégradation physique et mentale. Il se conchie, hurle des obscénités.
Et puis au petit séminaire, Le jeune Bataille constate l’absence de Dieu ce qui le conduit à rire de désespoir et d’angoisse.
L’absence de Dieu, l’Impossible accessible par l’horreur ou encore « Dieu s’il « savait » serait un porc.»
Secrétaire médical de son unité, Pierre Gibert se souvient de soldats défilant l’un après l’autre à l’infirmerie, dévoilant tous un slip souillé et se voyant prescrire le même traitement tandis qu’il inscrit, imperturbablement, sur le cahier des consultations “ blennorragie, blennorragie …” (Pierre Gibert, Il ne se passe rien en Algérie, février 1958-avril 1959, Paris, Bayard, 2001, 138 p., p.29.)
Ainsi des prostituées spécialisées pour une clientèle militaire sont mises à la disposition de certaines troupes
C’est précisément ce qui fait horreur au jeune appelé Jean Faure, pétri d’un idéal de l’amour autrement moins glauque : “ Je ne veux pas connaître l’amour par un geste banal, à la va-vite, comme pour se soulager!” (Jean Faure, Au pays de la soif et de la peur. Carnets d’Algérie (1957-1959), Paris, Flammarion, 2001, 172 p., p.45, journal à la date du 2 décembre 1957.)
L’Algérie devient alors pour eux “ ce pays sans femme, ce bled sans âme ”
Pour le père Henri Péninou, aumônier de la 25e D.P., la boisson et la femme sont les deux réalités qui contribuent, de manière privilégiée, à l’équilibre ou à la déchéance d’un homme. “ On boit beaucoup dans nos unités. On boit trop. On laisse facilement sa dignité au fond d’un verre ”, déplore-t-il avant de demander à chacun de faire le point. Mais surtout, il s’indigne de ce que “ beaucoup ici, en Algérie, perdent de vue ce sens de la femme [égale de l’homme dans le plan de Dieu], de sa valeur, de sa dignité. On laisse s’oblitérer les exigences de fidélité conjugale ou de chasteté personnelle. ” Il décrit des militaires qui finissent, “ avec toutes les facilités que connaît l’Algérie en ce domaine, par considérer la femme comme une chose et non comme une personne ” et leur reproche de s’avilir quand ils “ croient être ou devenir des hommes ”. Le prêtre leur suggère, bien sûr, une autre voie empreinte de foi et de respect. ( Henri Péninou, Notre vie chrétienne en Algérie, mai 1959, 31 p. Publié sous le titre Réflexions sur les devoirs du soldat, Montpellier, UMR 5609 CNRS-ESID, Université Paul-Valéry, 1998, 86 p. (+ 40 p. de photographies). Citation p.45.)
Evidemment c’est de voir qu’il s’agit. De se tenir à la limite impossible du regard.
Madame Edwarda montrant son sexe et s’écriant en riant « il faut que tu regardes.» !
Comme un grand prêche de l’hyper-matérialiste qu’est l’abbé Bataille. Quelques extraits, de l’Erotisme.
« L’homme des premiers temps, celui de la naissance de l’art, est passé de l’animalité à l’humain. Il s’imposa d’associer l’interdit au travail. Le travail devait dès l’abord impliquer l’existence d’un monde du travail dont la vie sexuelle ou le meurtre, et généralement la mort était exclus. »
L’homme primitif a mis de côté la violence, la dépense sexuelle au profit du travail, en même temps qu’il donnait sépulture à ses morts. La mort était placé hors de lui.
Être discontinu, alors que la mort rend l’humain à la continuité, que l’érotisme et la reproduction qui en découle le rend à sa mort pour la continuité de l’espèce.
L’interdit de la violence, de la mort (du cadavre), du sang menstruel, de l’inceste et l’angoisse qui s’empare de l’homme en son principe dispendieux.
« Comme si l’homme avait en une fois inconsciemment saisis ce qu’a d’impossible la nature (ce qui nous est donné) exigeant des êtres qu’elle a suscités de participer à cette rage de détruire qui l’anime et que rien n’assouvira. La nature exigeait qu’ils cèdent, que dis-je ? Qu’ils se ruent : la possibilité humaine dépendit du moment où se prenant d’un vertige insurmontable, un être s’efforça de répondre non »
« L’interdit du meurtre, encore qu’universel, ne s’est nulle part opposé à la guerre. Je suis même assuré que sans l’interdit, la guerre est impossible, inconcevable ! (…) la guerre en un sens, se réduit à l’organisation collective des mouvements d’agressivité. »
« Dans le mouvement des interdits, l’homme se séparait de l’animal. Il tentait d’échapper au jeu excessif de la mort et de la reproduction (de la violence), dans le pouvoir duquel l’animal est sans réserve. Mais dans le mouvement secondaire, de la transgression, l’homme se rapprocha de l’animal. Il vit dans l’animal ce qui échappe à la règle de l’interdit, ce qui demeure ouvert à la violence (à l’excès), qui commande le monde de la mort et de la reproduction. »
« Le couple animal, au moment de la conjonction n’est pas formé de deux êtres discontinus se rapprochant, s’unissant par un courant de continuité momentané : il n’y a pas à proprement parlé d’union, deux individus sous l’empire de la violence, associés par les réflexes ordonnés de la connexion sexuelle, partageant un état de crise où l’un comme l’autre est hors de soi. Les deux être sont en même temps ouverts à la continuité. Mais rien n’en subsiste dans des consciences vagues : après la crise, la discontinuité de chaque être est intacte. C’est la crise la plus intense et en même temps la plus insignifiante. »
Le sacré impur fut dès lors renvoyé au monde profane. « l’acte de chair n’accomplira – qu en mariage seulement. »
« (mais) tout le mouvement de la religion implique le paradoxe d’une règle admettant la rupture régulière de la règle en certain cas. Ainsi la transgression qu’à mon sens serait le mariage est-elle un paradoxe sans doute, mais le paradoxe est inhérent à la loi qui prévoit l’infraction et la tient pour légale : ainsi de même que le meurtre accompli dans le sacrifice est interdit, en même temps rituel, l’acte sexuel initial, qui constitue le mariage, est une violation sanctionnée. »
« Le caractère érotique , ou plus simplement le caractère de transgression du mariage échappe le plus souvent parce que le mot mariage désigne à la fois le passage et l’état. Or nous oublions le passage pour n’envisager que l’état. Depuis longtemps d’ailleurs, la valeur économique de la femme a donné l’importance la plus grande à l’état : ce sont les calculs, c’est l’attente et le résultat qui intéressent dans l’état, non les moments d’intensité, qui valent dans l’instant même. Ce moments n’entrent pas en ligne de compte avec l’attente du résultat, le foyer, les enfants et les œuvres qu’ils appellent. »
« En un sens le mariage unit l’intérêt et la pureté, la sensualité et l’interdit de la sensualité, la générosité et l’avarice. Mais surtout son mouvement initial le situe à l’extrême opposé, c’est le don (…) le don est lui-même la renonciation, c’est l’interdit de la jouissance animale, de la jouissance immédiate et sans réserve (de l’inceste). C’est que le mariage est moins le fait des conjoints que celui du « donneur » de la femme, de l’homme, du père, du frère qui aurait pu jouir librement de cette femme (de sa fille, de sa sœur) et qui la donne. Le don qui en fait est peut-être le substitut de l’acte sexuel, exubérance du don, de toute manière, a un sens voisin – celui d’une dépense des ressources – de celui de l’acte lui-même. Mais la réconciliation, qui permit cette forme de dépense et que l’interdit fonda, a seule rendu le don possible. Même si, comme l’acte sexuel, le don soulage, ce n’est plus en aucune mesure à la manière dont l’animalité se libère : et l’essence de l’humanité se dégage de ce dépassement. Le renoncement du proche parent – la réserve de celui qui s’interdit la chose même qui lui appartient – définit l’attitude humaine, toute à l’opposé de la voracité animale. Il souligne réciproquement, comme je l’ai dit, la valeur séduisante de son objet. Mais, il contribue à créer le monde humain, où le respect, la difficulté et la réserve l’emportent sur la violence. Il est le complément de l’érotisme. s’il n’y avait en contrepartie le respect des valeurs interdites, il n’y aurait pas de plain respect, si l’écart érotique n’était ni possible, ni séduisant.
Le mariage est le compromis de l’activité sexuelle et du respect. Il a de plus en plus le sens de ce dernier. Le moment du mariage, le passage, a gardé quelque chose de la transgression qu’il est en principe. Mais la vie conjugale étouffe dans le monde des mères et des sœurs, elle étouffe et en quelque sorte, elle neutralise les excès de l’activité génésique. Dans ce mouvement, la pureté, que fonde l’interdit – cette pureté qui est le propre de la mère, de la sœur – passe lentement, en partie, à l’épouse devenue la mère. Ainsi l’acte de mariage réserve-t-il la possibilité de poursuivre une vie humaine dans le respect des interdits opposés à la libre satisfaction des besoins animaux. »
(ainsi soit-il)