Génération Sagan
Mains d’écrivains – Sagan – huile sur toile – 20 x 20 cm
Françoise Sagan -Cinq colonnes à la une – 05 Juin 1959
Jazz au générique. Interviewée par Pierre Desgraupes. Dans un jardin, elle est vêtue d’une robe blanche à poix, d’un gilet léger sombre. Elle porte un collier de perle et les cheveux courts. Elle fume.
– Depuis deux ans il vous est arrivé plusieurs choses : vous avez été malade à la suite de votre accident de voiture et vous vous êtes mariée, est-ce que vous avez le sentiments que ces deux ans vous ont changés en quelque sorte ?
-Et bien euh changé vraiment non mais bien évidemment ça a modifié ma vie heu ma vie courante quoi.
– De quelle manière ? La maladie par exemple ?
– La maladie parce qu’on est couchée et le mariage parce qu’on est… rangée.
« J’ai gaspillé mon temps, ma vie, mon argent : c’est absolument ce qu’il faut faire à 18 ans »
Sur wikipédia, je copie, je colle :
Le 14 avril 1957, Françoise Sagan, au volant de son Aston Martin, en compagnie de Bernard Frank, Voldemar Lestienne et Véronique Campion, est victime d’un grave accident sur la route de Corbeil près de Paris, qui la laissera entre la vie et la mort durant quelques jours. Elle souffre de multiples fractures du crâne, du thorax et du bassin. Pour atténuer la douleur, et durant trois mois, on lui administre du Palfium 875, un dérivé morphinique. Ses passagers quant à eux s’en tireront avec de légères blessures. À sa sortie de l’hôpital, elle entame une cure de désintoxication dont elle tient le journal. Dans Toxique, illustré par des dessins de Bernard Buffet, elle s’observe, elle s’analyse : « il y avait longtemps que je n’avais pas vécu avec moi-même » et elle s’aperçoit qu’elle ne s’aime pas. Désormais, comme la passion de l’écriture et l’addiction à la drogue, « l’horreur de la solitude est l’un des fils rouges de son existence ». Cette première cure de désintoxication sera un échec, elle se mettra à boire, ce qui lui provoque une polynévrite qui la fait atrocement souffrir. Désormais la jeune femme libre est devenue dépendante des médicaments, de l’alcool et des drogues, comme elle le confirme elle-même : « La seule chose que je trouve convenable – si on veut échapper à la vie de manière un peu intelligente – c’est l’opium ».
En 1958, elle épouse l’éditeur Guy Schoeller, plus âgé qu’elle de vingt ans, qui la protège depuis de nombreuses années comme un père.
Traces – huile sur toile – 27 x 35 cm
Françoise Sagan de son vrai nom Françoise Quoirez, est née (en 1935) à Carjac, dans le lot. Sa carrière de femme de lettre commence en 1954 avec la publication de Bonjour tristesse. Ce roman, en abordant explicitement la sexualité féminine avec un style désinvolte et mordant, provoque un véritable scandale. Récompensé la même année par le prix des critiques. Il devient l’emblème de toute la génération d’après-guerre et propulse son auteur au devant de la scène littéraire. (Présentation du Pocket de Derrière l’épaule – Plon 1998)
En 1974, paraît chez Jean-Jacques Pauvert un texte compilant de nombreux interviews de Sagan. Réponses.
« L’alcool a toujours été pour moi un bon complice. Et aussi un élément de partage comme le pain et le sel. Cela dit, je n’ai jamais bu pour oublier la vie, mais pour l’accélérer. Quand on accélère trop, on loupe des virages (de fatigue, de nerfs et autres). Donc m’arrêter de boire m’a ennuyée, sans plus. De toute manière je peux recommencer. (…) Il est évident qu’aujourd’hui Bonjour Tristesse ne ferait plus du tout scandale à l’époque c’était l’histoire toute simple d’une fille qui faisait l’amour avec un garçon, au milieu de quelques complications passionnelles. Il n’y a pas de conséquences morales pour elle. (…) Tout le monde était décidé à voir en moi cette héroïne de bandes dessinées qui s’appelait Sagan. On ne parlait que d’argent, de voitures, de whisky, je recevais trois ou quatre lettres d’injures par semaine. On me rangeait d’ailleurs sous plusieurs étiquettes : il y avait ceux pour lesquels j’étais une demoiselle perverse et scandaleuse qui commettait tous les jours des horreurs dans Paris, la nuit de préférence ; ceux pour lesquels j’étais Sagan-la-folie ! J’étais tentée de contrer tout cela, d’être calme, pudique, réservée, de faire opposition à ce monstre qu’on projetait sur moi, monstre aux mille facettes. Un journaliste anglais s’est amusé un jour à reconstituer ce qu’il appelait « la panoplie de Sagan » : whisky, machine à écrire, flacons de pastilles digestives, les œuvres de Marx (Karl pas Groucho) et l’Aston Martin. La machine à écrire d’accord. Le Whisky, d’accord aussi. Les comprimés effervescents ? Je n’en prends jamais. Karl Marx, je connais très mal. Quand à l’Aston-Martin, oui, j’en ai eu une et elle m’est tombé dessus… (…) La voiture a dérapé dans du gravier et s’est jeté dans le fossé, de biais. Elle s’est rabattue sur moi mais mes amis on été éjecté à temps. J’avais le crâne ouvert, onze côtes cassées, l’omoplate, les deux poignets, et deux vertèbres abîmées. Bref, on m’a donné l’extrême-onction à Creil et mon frère, qui ne supportait pas l’idée de la mort, m’a ramené à Paris avec deux motards… (…) avoir mal pendant un an c’est beaucoup. Chamfort disait : “ Mon Dieu, épargnez-moi les peines physiques. Les morales je m’en charge” c’est un petit peu devenu ma devise. (…) A l’hôpital il m’avait bourré d’un produit nouveau contre la douleur si bien que j’en suis sortit complètement intoxiqué… »
Patrick Modiano déclarera bien plus tard alors qu’il évoque son enfance et qu’il posait son regard envieux sur les jeunes gens écrivains ; « C’est un peu absurde, mais ça correspond à ma première année de pensionnat et je me disais que j’étais enfermé alors qu’elle, Minou Drouet, fillette de 10 ans, était libre et déjà célèbre. (cf article enfance de ce blog, Sagan est associée à cette poètesse juvénile immanquablement). Je me souviens même avoir acheté à l’époque son recueil de poèmes, “Arbre, mon ami”. C’était en 1957, j’avais 12 ans. Je me souviens aussi qu’à Paris, il y avait toujours une voiture américaine décapotable garée, rue de l’Université, devant le siège des Editions Julliard. Elle me faisait rêver. Je supposais qu’elle était celle de René Julliard, l’éditeur de Minou Drouet, de Françoise Sagan, des jeunes filles. Moi aussi, j’étais jeune et je voulais écrire… »
Il veut écrire et l’image que renvoie un écrivain change. People, Voitures luxueuses, argent, fêtes somptueuses, drogue (disons Champagne pour ne point échauffer la censure. Apologie des stupéfiants – publicité pour l’alcool). , Modiano veut écrire et non pas devenir écrivain, même si l’on est un futur prix Nobel, à 12 ans; on voit les feux des limousines de la littérature.
Sagan c’est la gamine surdouée, la femme libre, joueuse et toxicomane.
Je poursuis dans l’interview compilation de Jean-Jacques-Pauvert : « Si j’étais seule dans la vie, j’imagine que je ne me livrerais à aucune explication d’aucune sorte… J’ai donné de trop nombreuses interview et dans tous les articles qui ont paru, il n’est question que d’argent. Quand je vois le nom de Sagan dans certains journaux, il me fait horreur. Je me demande ce que ça doit être pour les lecteurs… De toute manière quoique je dise ou fasse, on m’enferme dans un personnage… Je suis la femme qui claque des centaines de millions, qui écrase les vieilles dames avec une Jaguar, qui éprouve un plaisir cynique à choquer, et qui passe sa vie entière dans les boîtes de nuit. Mais non cette femme là, elle n’existe pas. (…) A dix-huit ans j’étais riche et célèbre on ne me l’a pas pardonné. Le deuxième, le troisième roman, Un certain sourire en 56, Dans un mois dans un an en 1957 se sont très bien vendus aussi vous savez. Chaque publication ressemblait à une déclaration d’impôt. J’espérais chaque fois confusément qu’on me parlerait de littérature, mais non on ne me parlait que de mon compte en banque. Je ne sais pas d’ailleurs si ce qu’on me reproche le plus, c’est d’avoir gagné beaucoup d’argent ou bien de l’avoir dépensé. J’ai l’impression que si j’avais acheté des chaînes de snack-bars, assuré ma vie pour mes vieux jours, les gens seraient moins scandalisés. Et moi je déteste chez les autres le sentiment de sécurité, ce qui rend tranquille. Seuls les excès me reposent, intellectuels et physiques. Je suis attirée par tout ce qui n’est pas rassurant. Je ne cherche pas la sécurité, je ne sais même pas si je l’aime ou si Je ne l’aime pas. Je n’aime pas posséder, ni économiser de l’argent.
-Alors, qu’est-ce qu’il représente, pour vous?
« Dans la. société actuelle, il représente un moyen de défense et un moyen de liberté. Il donne la possibilité de ne pas faire la queue sous la pluie pour attendre l’autobus, celle de prendre 1’avion pour passer quelques jours au soleil. J’ai eu le bonheur – réel, mérité ou pas – de gagner de l’argent avec mes livres. C’est un privilège. Soit, je n’en rougis pas, je n’en ai pas honte. Je pourrais dire que je souhaite que chacun ait ce privilège – je suis aussi sensible que n’importe qui à la misère des autres – mais ce serait facile, et un peu indécent.
-Alors?
«-Je recherche l’intensité, mais en ce qui me concerne, ça ne dure pas. Alors il faut réunir les conditions nécessaires pour qu’elle puisse durer et 1’une de ces conditions, c’est de ne pas vivre dans la pauvreté. Le poids de l’argent empêche de prendre de la hauteur. C’est un bon valet et un mauvais maître. Et il a autant d’emprise sur ceux qui en ont que sur ceux qui n’en ont pas. Je ne le méprise pas, – évidemment, mais je ne l’aime pas. non plus. De lui dépend notre possibilité d’être libre. D’être gratuit. -La gratuité a disparu de nos mœurs, malheureusement. On trouve de moins en moins de gens disposés à agir «pour rien », à accomplir un acte désintéressé, un acte pur – un de ceux qui ont pourtant un énorme pouvoir. (…) Ce n’est pas la fortune que j’ai cherché spécialement c’est plutôt la chance. A dix-huit ans j’ai été plongé dans une légende qui ne me concernait pas. Étiquette assommante. J’ai choisi « la fête » parce que c’était pour moi une envie profonde. Mais voilà des années que je suis poursuivie par un bruit de glaçon dans le verre, de tôle froissée, de machine à écrire qui vibre, de ragots de mariages, de divorces, etc. bref, ce que le public appelle « la vie d’artiste ! Et puis d’un certain côté, c’est vrai que j’aimais les Ferrari et l’alcool les boîtes de nuit. Mes premiers romans m’ont rapporté des sommes folles. Tout mon argent était chez Julliard et quand j’en voulais, je téléphonais. Il m’envoyait un chèque. Mais c’est seulement lorsque j’ai quitté mes parents, vers vingt ans, que je me suis aperçue que j’avais énormément d’argent. J’ai acheté un appartement rue de Grenelle où j’habitais avec mon frère; il y avait là une foule de gens que je pouvais entretenir gaiement, je pouvais prendre l’avion pour aller à Saint-Tropez passer la soirée, j’achetais des voitures, des bateaux, je me promenais et de nombreux amis vivaient à mes crochets d’une manière extrêmement gentille. C’était charmant. Tout cela n’existait pas, j’avais le carnet de chèques, l’argent partait: rien de plus commode. J’avais vingt ans, cet argent me semblait un peu fou en lui-même. Je ne comptais jamais, j’en envoyais à des personnes que je ne connaissais pas du tout mais qui m’écrivaient: « Il me faut de l’argent pour acheter une machine à laver »; j’en envoyais à des mères de famille accablées. Je faisais un chèque, c’était pratique, enfantin. Aujourd’hui, je n’ai toujours pas le sens de l’argent; à dix-huit ans, c’était la complète indifférence. (…) Il ne faut pas croire d’ailleurs que je menais une vie vraiment folle. On a fait des récits épiques de cette époque à Saint-Tropez, mais c’était simplement gai. Il y avait Vadim, Christian Marquand, Annabel, moi, toute une bande de gens, Fifi et compagnie, et on se dorait au soleil. Nous étions jeunes, insouciants. J’ai claqué des centaines de millions anciens. Comment j’ai fait ? Je ne sais pas. La vie … Je n’ai rien acheté, je n’ai pas le sens de la propriété. Tous mes placements étaient épatants: les bateaux coulaient et il fallait remplacer sans cesse la moquette des appartements.
-Vous avez joué, aussi…
« J’ai beaucoup joué, aussi. J’avais hypothéqué ma maison, je n’avais plus un franc à la banque à un certain moment. C’était pénible et il y avait mon fils Denis. J’ai eu alors une grande crise de moralité et je me suis fait interdire les salles de jeu pour cinq ans … Mais je suis allée jouer à Londres, là où ce n’était pas interdit pour moi. , -Qu’est-ce que c’est, jouer? – Jouer, c’est une chose inexplicable, une passion, une façon de perdre, une certaine façon de vivre. Je me suis vraiment amusée au jeu, à la vie … -Qu’est-ce qu’il vous reste, aujourd’hui, de tout cela? -J’ai possédé tout ce dont un être humain peut rêver, c’est-à-dire pour moi des choses provisoires. On m’a mis une sorte de conseil de tutelle. C’est mieux.»
1957 : Dans un mois dans un an,
Au théâtre, en 1958 – Le Rendez-vous manqué,
Aimez-vous Brahms -1959.
Sagan. C’est toujours un peu la même histoire. Des chassés-croisés amoureux… adultère et amour de la jeunesse pour l’âge mur. Ce n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est le style et la formule.
« Nous irons doucement vers la mort, en parlant de provisoire. » Un certain sourire ( Julliard P. 105)
Dans un mois dans un an. C’est le troisième livre de Sagan, qui défraye la chronique par son remarquable accident de voiture. Livre un peu confus, comme le dira la critique.
« Bernard se leva de sa chaise pour la dixième fois de la matinée, alla vers la fenêtre et s’y appuya. Il n’en pouvait plus. Ecrire l’humiliait. Ce qu’il écrivait l’humiliait. En relisant les dernière pages, il était saisi d’un sentiment de gratuité insupportable. Il y avait là rien de ce qu’il voulait dire, rien de ce quelque chose d’essentiel qu’il croyait percevoir parfois. » (Le livre de poche P. 25).
Voilà bien ce qui se produit devant cette collection d’images qui commence à s’accumuler. Chercher sans ne rien trouver, pourtant quelque chose perçu serait à dire, à mettre à jour, à peindre. Il y a cette volonté de dire ce quelque chose qui n’apparaîtrait que sous la plume, le clavier, le pinceau. Et l’humiliation de s’être cru en force de le coucher sur la page blanche.
Sagan, accoudée à la machine à disque, un verre de whisky à la main. Le thème : Love and Sweet…. ? Je ne sais quel est ce morceau, et c’est à Billie Holiday que je pense que j’associe à Sagan, qui se raconte en 1984, Avec Mon meilleur souvenir . Elle raconte son séjour à New-York, ces années-là « Je devais avoir 22 ou 23 ans à l’époque…. Nous passâmes quinze jours chez Eddie Condon – ou plus exactement quinze aubes – de 4 heures du matin jusqu’à 11 heures ou midi, dans cette boîte incessamment enfumée à écouter Billie Holiday chanter. »
Pour ces jeunes gens Parisien Billie Holiday représentait « La diva du Jazz, la lady du Jazz, Lady Day,… La Callas, la Star, la Voix du Jazz. » L’Amitié, et puis … «C’est par une nuit noire aussi que le la retrouvai un ou deux ans plus tard à Paris – Billie Holyday effectue une tournée en Europe, Milan puis Paris en 1958. au Mars’Club, Impasse Marbeuf (…) c’était Billie Holiday et ce n’était plus elle : elle avait maigri, elle avait vieilli, et sur ses bras se rapprochaient de plus en plus de traces de piqûres. Elle n’avait plus cette assurance naturelle, cet équilibre physique qui la laissait si marmoréenne au milieu des tempêtes et des vertiges de sa vie (…) et ce n’est qu’à ce moment que je me rendis compte des millions d’années-lumière qui nous séparaient, ou plutôt des millions d’années obscures qui me séparaient d’elle, et qu »elle avait si merveilleusement, si amicalement, bien voulu gommer pendant ces quinze jours à présent révolus. Tout ce qui avait été écarté de notre première rencontre, et qui était le problème de sa race, de son courage, de sa lutte à mort contre la misère, les préjugés, l’anonymat, les Blancs et les pas-Blancs, contre l’alcool, les mauvais ennemis ; contre Harlem, contre New-York, contre les couleurs que peut provoquer une couleur de peau et celles, presque aussi violents, que peuvent provoquer le talent et le succès. A tous cela, elle ne nous avait jamais laisser penser, et nous aurions peut-être bien pu y penser tout seuls. Nous les sensibles européens, nous avions été les insouciants barbares de l’histoire. (…) elle chanta quelques airs, accompagnée par un quartette incertain qui essayait de suivre les détours imprévisibles de sa voix, devenue elle aussi incertaine. Mon admiration était telle, ou ma force de mes souvenirs, que je la trouvai admirable malgré l’imperfection terrible et dérisoire de ce maigre récital. Elle chantait les yeux baissés, elle sautait un couplet, reprenait son souffle difficilement. Elle se tenait au piano comme au bastingage par une mer démontée. Les gens qui étaient là étaient venus sans doute dans le même esprit que moi, car ils applaudissaient frénétiquement, ce qui lui fit jeter vers eux un regard à la fois ironique et apitoyé, un regard féroce, en fait, à son propre regard.
Après quelques couplets, elle vint s’asseoir un instant avec nous, vite, très vite car elle rapartait le lendemain, je crois pour Londres ou elle ne savait plus en Europe. « De toute manière, darling, me dit elle, you know, I am going to die very soon in New-York, between two cops. » Je lui jurai que non, bien entendu. Je ne pouvais pas et je ne voulais pas la croire ; tout mon adolescence bercée par sa voix, fascinée par sa voix, refusait de la croire. Aussi fus-je tout d’abord stupéfaite, quelques mois plus tard en ouvrant le journal, de voir que Billie Holiday était morte la nuit d’avant, seule, dans un hôpital, entre deux flics.»
Certains captation de Lady Day à Paris en 1958 sont disponibles sur YouTube. C’est affreux.
https://www.youtube.com/watch?v=hhdYoWhBKhM
« La mémoire est aussi menteuse que l’imagination, et bien plus dangereuse avec ses petits airs studieux » Françoise Sagan (Derrière l’épaule)
L’image de Sagan a été fabriqué par elle même, penser que ça n’avait pas d’importance en tant qu’image et que c’était son seul plaisir est sûrement ce qui nous la rend si sympathique .
Il reste que les écrivains deviennent des personnage de magazine ou de télévision.
Ils racontent et coupe le lien définitivement avec ce qui était pourtant vie vécue, singulière.
D’outre-mer, d’ici ou là, de la petite bourgeoisie publique ou privée… Donnadieu devient Duras, Quoirez devient Sagan, Joyaux devient Sollers. Cacher à la bourgeoisie, ces écrivains que je ne saurais voir pour mieux les montrer comme être à part.
Dans un mois, dans un an, page 152, : « comment ne pas penser à ma mère (telle que je l’ai connue, cette fois) : « Le tricot est une des grandes ressources des femmes malheureuses. »
En 1959, Aimez-vous Brahms (deux points de suspension sur l’édition de 1959, pas d’interrogation ? – Aimez-vous Brahms ? – oui mais je préfère Mozart.)
« Elle s’était mise devant le miroir pour tuer le temps et – cette idée la fit sourire – elle découvrait que c’était lui qui la tuait à petit feu.» (P.11)
« Un soir, il descendit un escalier sombre, avec un ami et se retrouva dans cette petite boîte de nuit qu’il ne connaissait pas. Ils avaient beaucoup bu. Ils recommencèrent à boire et devinrent tristes à nouveau. Puis une femme noire vint chanter, elle avait une immense bouche rose, elle ouvrait les portes de mille nostalgies, elle allumait les feux d’une sentimentalité désespérée où ils se laissèrent glisser ensemble . » (P. 117)
Les romans de Françoise Sagan se mélangent les uns aux autres, les personnages semblent se ressembler, deviennent interchangeables… On se souvient de cette peur de vieillir qui les fait s’abandonner à la jeunesse, par cruauté, par lassitude, par simple désir, pour fuir l’ennui, pour se rassurer d’être en vie, par obsession de la liberté, par horreur de la solitude et de ces contradictions.
« Paule ne disposait au mieux que de dix jours et se sentait trop fatiguée, même pour prendre un train. Elle eut voulu une maison à la campagne, des jours qui se ressemblent : l’enfance, bref ! »