Miss

Claude Inès Navarro – miss France 1957 – Huile sur toile 65 x 54 cm

Née le 6 mai 1938 à Maoussa, en Algérie, Claude Inés Navarro a vécu dans le Loiret et le Berry durant son adolescence, élue Miss Algérie Française à Oran en 1957, puis Miss France., la même année, elle devient 6e dauphine de Miss Monde, puis est élue Miss Méditerranée. Ses origines sont espagnoles et tunisiennes.

Après des études de mannequinat, elle participe à des défilés de mode avec Dior, Yves-Saint-Laurent , Givenchy…

1957, C’est le début de la Bataille d’Alger. Le France est bien représentée sur les podiums à New York ou à Londres par cette brune mascaraine élevée dans le Berry. Sur la photo, elle vient d’arriver à Londres pour le concours de Miss Monde, bonne tenue, béret parisien, élégance, beauté naturelle… rien ne passe là des violences, des tortures. Le glamour est à Paris.

Je ne connais de Claude Ines Navarro, Miss France et 6e Dauphine de Miss Monde en 1957, qu’une photo, reproduction d’un journal du jour de son arrivée à Londres pour le concours, piochée parmi deux ou trois autres clichés qui appartiennent tous au créateur du site où je les prends, un parent de la Miss qui lui rend hommage et auquel je n’ai pas écrit. Claude Inés Navarro apparaît à l’aéroport au côté de Danielle Muller, une marocaine dont je gomme le visage, le regard qui louche sur la reproduction.

La légende de la photo : « At London Airport, Ines Navarro (in the béret) and Morocco’s Danielle Muller. »

J’essaie d’attraper le chien de cette gamine. Un portrait c’est, millimètre par millimètre, s’approcher de la ressemblance,  en une touche, qui fuit la touche suivante.

Giacometti écrivait à Pierre Leiris : « si on commençait par analyser un détail, le bout du nez par exemple, on était perdu. On aurait pu y passer la vie sans arriver à un résultat. La forme se défait, ce n’est plus que comme des grains qui bougent sur un vide noir et profond, la distance entre une aile du nez et l’autre est comme le Sahara, pas de limite, rien à fixer, tout échappe. » (in Ecrits P. 39 – (Catalogue de l’exposition Alberto Giacometti, Galerie Pierre Matisse, New-York, 19 janvier au 14 février 1948)

Entre ces millimètres de peau et d’os s’intercalent un air (un nerf).

Là voilà fraîche en détail (de prêt) et monstrueuse à distance.

Le portrait me fuit,  à quel repère se fier puisque l’image n’offrira aucune information supplémentaire et que le modèle a disparu ?

Le portrait du père a mis à jour les invariants, la génétique. En cherchant à le peindre au plus près de son uniforme. Son visage de jeune homme – il a vingt an l’année où sont prise ces photos – échappe. Pour Miss France aussi, les étapes peu ou pas assez ressemblantes était l’apparition fortuite de toute une généalogie.

Avec le visage du père c’était clair, ce qui apparait successivement et fortuitement puis échappait,  c’était ce que j’ai connu sur le visage vieilli de mon grand-père, le père du photographié, puis sur celui de ma sœur ainée à l’âge où nous jouions ensemble, elle avait une dizaine d’année, j’en ai quatre de moins.

C’est finalement le visage que je leur ai connu  que je retiens. Impossible de savoir à quel moment il serait plus juste de garder telle ou telle touche – 1/2 millimètre modifie la physionomie ce que je peux faire avec l’inconnue du journal (avec difficulté, mais le critère est alors esthétique – le « chien »), je ne le pouvais pas avec l’affectif..