Décors
Déco – huile sur toile – 130 x 200 cm
Une maison avec des couleurs. Du mobilier à la mode. On pourra écouter des disques. Gilbert Bécaud, Brel, Brassens. Pas Léo Ferré qui gueule trop ! J’achèterai un Teppaz…
Cette image est un montage. Et les couleurs du décors sont déjà celle des années soixante. Plus pop que les tendances décrétées pour les créateurs. J’ai incorporé le pick-up au décors, à un coin de séjour; posé au sol, il provient d’un court métrage de J.L Godard. « L’expo 58 de Bruxelles, sans créer une mode originale à l’instar de celle des « arts déco » a officialisé en quelque sorte le style de notre époque où la pratique et le confortable ont pris le pas sur le luxe et le pompiérisme bourgeois. La netteté des lignes, la sobriété des formes, l’accord des couleurs que met en valeur un éclairage heureux crée cette ambiance de repos après le travail et d’intimité pour le visiteur. L’emploi judicieux de la couleur avec alternance des tons chauds et toniques et de taches fraiches et reposantes, la simplicité raffinée des formes basses, la lumière diffuse d’un éclairage bien conçu créent aisément une ambiance agréable conciliant les goûts et les ressources du propriétaire et mettant en valeur un appartement modeste avec des éléments de série mais de bon goût. Pour éviter la sécheresse et l’austérité excessive, un objet exotique, un souvenir de vacances, une plante verte aux larges feuilles, une revue ajoutent une touche originale et personnelle. »
J’ai supprimé l’objet exotique, le souvenir de vacances, un coquillage cendrier, le soliflore en verre. J’ai conservé le caoutchouc, la revue avec une couverture (de Poliakoff ?)
Le salon est vide, silencieux. Les personnages ont été extraits d’autres photos. Dans la boîte aux photos familiales, j’ai trouvé cette photographie d’une réunion. Cette femme, sans doute plus jeune que son style vieille époque ne la montre. Son air si détaché de l’assemblée qui tout autour regarde la télévision. On se réunit chez celui qui possède un récepteur. Elle semble absorbée… j’interroge.
« Elle devait être enceinte, à cette époque. » Croit se souvenir ma mère. Il y a comme un vide qui se fait tout autour.
Le gamin qui se tient mal dans le fauteuil au premier plan est un figurant de la soirée chez les Cousins filmés par Chabrol. C’est peut-être lui qui sature les couleurs, qui les envoie dans les années soixante.
Inoubliables soirées…
De l’ennui, oui, des revues, un peu de musique. Et si nous achetions la télévision ? Il y a ce copain, qui travaille à l’usine, qui travaille à la ville. Il dit qu’avec l’Orthovision, le moindre détail apparaît sur votre écran, c’est le miracle de l’«orthovision», fondée sur des brevets exclusifs de la Compagnie Française Thomson-Houston, qui donne a l’image une netteté, une finesse, un « relief » si saisissant que vous remarquez les détails prévus et imprévus que d’autres n’ont pas vus. L’ «orthovision» (de l’éthymologie « orthos » = correct) est une marque déposée, propriété exclusive de la Compagnie Française Thomson-Houston. le modèle Bruxelles (T.4111) ? C’est sur ce récepteur que Ducretet-Thomson a bâti la réputation de l’ «orthovision». Son succès témoigne de ses qualités. Commande de gain semi-automatique sur le son et sur l’image. (18 lampes avec antiparasite. Rotacteur 6 positions. 1 canal équipé).
Ce téléviseur a été baptisé Bruxelles pour commémorer l’une des réalisations de la Compagnie Française : l’installation du centre radar de contrôle régional à l’exposition internationale de Bruxelles.
– oui, il y a l’usine Thomson, CSF, communication sans fil. c’est à une vingtaine de kilomètres du village. Je pourrais y aller en scooter. Ou partager la voiture des gars qui vont y travailler tous les jours.
Publicité JAWA– Panorama du monde. – huile sur toile + collage – 100 x 81 cm
Jawa… Ja va pas très loin…
Dans Panorama du Monde, Il y a comme un air de capitalisme triomphant. Les parents voyagent, les enfants font leurs études à l’étranger, les photos et la mise en page sont léchées… On fait des propositions aux jeunes femmes (les femmes ont toujours l’air d’être jeunes). On s’évade dans les grands espaces en même temps que l’on reçoit des conseils à portée de bourses. La lectrice y trouve des plans bon marché pour son image, le lecteur des grands espaces d’aventures sur papier glacé. Dans le troisième numéro spécial sur la Tchécoslovaquie. On trouve cette publicité pour l’industrie soviétique.
La publicité pour les motos tchécoslovaques JAWA, usine nationalisée par le régime communiste. On appréciera la demande de renseignements que devront effectuer à l’ambassade concernée des militants qui voudraient soutenir le pacte de Varsovie. J’ai trouvé sur Internet un fac-similé d’un journal de la Chaux de Fonds de 58… L’impartial paraissant tous les jours excepté le dimanche et qui ne peut pas être soupçonné de propagande bolchevique, très critique envers l’URSS et qui fait la pub pour la moto tchèque. 16 concessionnaires JAWA ! Pendant la guerre (froide) les affaires continuent.
Les nouveaux modèles, dont le développement améliore encore les caractéristiques de construction, offrent une fois de plus d’énormes et uniques avantages. Plus de 10 000 motocyclistes suisses choisissaient JAWA car ils étaient persuadés d’en obtenir- un maximum en contrevaleur. En Suisse JAWA fut en 1957 la motocyclette la plus vendue sur le marché dans son genre et est à nouveau à l’avant-garde du progrès. Bloc moteur complet avec boîte a quatre vitesses, débrayage automatique,
changement de vitesse et kick-starter commandés par un seul levier. — Cadre oscillant caréné d’un nouveau genre avec amortisseurs de chocs hydrauliques. Fourche télescopique hydraulique, dispositif d’aspiration d’air tranquillisé réduisant l’usure. Moyeux-freins centraux. Allumage par batterie. Pots d’échappement COMOT, etc
125 cm3 modèle 1958, équipement complet, avec double siège, etc. F. 1595
Acompte Fr. 295.—
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Seul JAWA offre un paiement par acomptes à prix réduit, avec assurance gratuite contre le vol pendant 2 ans. Demandez les conditions de paiement par acomptes et offre d’échange. Plus de 140 représentants JAWA en Suisse.
Peindre une publicité des années 50, c’est reprendre le métier d’illustrateur publicitaire qui existait encore à l’époque et qui allait disparaître. (la nouvelle vague allait faire disparaître aussi les décorateurs de ciné.) Sur la publicité originale, (très belle mise en page), une photo d’architecture « néo-impérialiste » (stalinienne), Prague, Moscou… ?
A la fin des années 50, la publicité de presse fait encore appel à des illustrateurs. La photographie va prendre sa place. L’exercice consiste à donner à la publicité photographique l’aspect d’une publicité peinte.
Je ne peins pas une moto, un paysage, deux personnages, un bâtiment, mais une mise-en-page (ici placer une analyse de communication visuelle, typographie, champ sémantique.) De la composition plutôt que des cylindres.
Un jardin. C’est le luxe de la campagne. Je me lèverai à l’aube. Je rentrerai assez tôt… il fera encore jour… Je m’occuperai du jardin.-
Il n’y a jamais eu de moto JAWA, le scooter a rouillé au fond du jardin.
Elle voudra des enfants….