BB

BB (Visa de contrôle cinématographique)  – Huile sur toile – 27 x 35 cm

En 1956. Et Dieu créa la femme.

LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 12/12/2009
Film de Roger Vadim (France/Italie, 1956). Scénario : R. Vadim et Raoul Lévy. 85 mn. Avec Brigitte Bardot, Curd Jürgens, Jean-Louis Trintignant, Christian Marquand.

Genre : a star is born.

A chaque diffusion, c’est la même chose : on rappelle aux jeunes générations l’immense scandale qui fit, en son temps, l’aura de ce film même pas culte. On constate la banalité du scénario de roman de gare, les couleurs criardes, la fin conventionnelle… Et on en vient à la seule trouvaille de Vadim : Bardot. L’actrice venait des comédies légères et sucrées. En lui demandant de ne pas jouer mais d’être elle-même, le mythe était né. Moue boudeuse, démarche lascive, cheveux à la diable, dans le rôle de Juliette la mineure, qui a « le courage de faire ce qui lui plaît quand ça lui plaît », elle devenait l’emblème d’une petite révolution sexuelle…
Toutes ces « audaces » font sourire aujourd’hui, mais ce pied de nez aux hypocrisies venait à point. Et la scène d’ivresse où BB danse furieusement le mambo reste un beau moment de défoulement sauvage. Bernard Génin

1958 En Cas de Malheur  Film de Claude Autant-Lara.

Deux gamines (Yvette – Brigitte Bardot et Noémie – Annick Allière qui disparaîtra rapidement envoyée dans sa famille à la campagne), deux gamines tentent un hold-up avec un revolver factice dans une bijouterie tenue par un couple de vieux – les victimes. Le casse a lieu pendant la visite de la reine d’Angleterre à Paris. (Paris Match, samedi 20 avril 1957 : Le voyage en France d’Helisabeth et Phillip). La blonde fracasse la tête de la vieille qui intervient lors du casse foireux. La Blonde, après sa fuite, demande de l’aide à Maître Godillot (Jean Gabin). Avocat au Palais. Celui-ci sous le charme accepte. Sous le charme ? Est-il dans son déni de son désir pour la petite ou joue-t-il un rôle pour ne rien montrer à son épouse (Edwige Feullière). Il vient à l’aide de la jolie gamine pour la gloire. Il en parle à sa femme qui n’est pas dupe. Elle sait pour les escapades de son mari, mais leur fortune, leur statut la retiennent de le quitter. Elle souffre en cachette. L’Avocat Godillot gagne le jury à la cause d’Yvette grâce au faux témoignage de Gaston, l’ami barman d’Yvette … Ce qui lui vaut une plainte pour corruption de témoin. Il s’entête, il trouve une piaule à Yvette. La femme du Maître accepte, se tient droit, cache ses larmes. Yvette est une putain, le Maître l’accepte et ronge sa colère. Yvette sort, couche, trafique un peu. Elle s’éprend d’un jeune homme, étudiant en médecine qui travaille à l’usine pour payer ses études. Il est jaloux comme un gamin romantique. Godillot l’écarte. Monsieur et Madame Godillot vont jusqu’à offrir un appartement de luxe à Yvette. (On y croise Nicole Berger , la Véronique de Rohmer et Godard, en Soubrette, dame de compagnie d’Yvette – petite partie à trois suggérée au passage). Le maître est heureux malgré la Société sourcilleuse. Mais Yvette, enceinte de Godillot, retourne vers son Jules, qui la poignarde.

Scène censurée du film : Yvette montre sa chatte à Me Godillot. Pour le spectateur, un plan où BB montre ses jambes, ses cuisses, un peu de son cul en s’asseyant sur la table du notaire Gabin, qui la mate froidement. Une image. Un plan, une seule image qui aurait pu déclencher, vue par des milliers d’yeux ébahis… Déclencher quoi ? seul le censeur le sait. Son propre imaginaire à l’œuvre… : Déclencher, Je ne sais pas … un tableau ?

Pauvre censeur qui n’imaginait pas qu’on retrouverait d’une simple recherche sur un moteur informatique l’image dangereuse entre toutes. Que le cul de BB pourrait renverser l’ordre établi (au moins), d’un simple clic. Mais rien ne bouge. Tout le monde à accès à tout de ce qu’un corps peut montrer.

L’image introuvable est maintenant à disposition, bien qu’enfouie sous des tonnes de datas. Puisque tout est maintenant disponible. Il suffit de se mettre à chercher. Il va sans dire que l’interdiction ne vaut que pour les jeunes gens. Maitre Godillot-Gabin ne bronche pas sur l’image interdite. Pourtant il y va et se fait mener par le bout du nez. Un jeune homme pour rival.

Il faudrait lire le roman éponyme de Simenon -paru en 1956, pour la psychologie des personnages. Dans le film les acteurs jouent soit faux (Bardot) soit de manière grandiloquente. Gabin les mains dans les poches ou bien faisant de grand moulinets avec les bras joue à Gabin.

L’image censurée de Bardot « En cas de malheur » n’excite plus personne, puisqu’on la connaît, que l’on peut la voir.

Le désir, ce besoin d’inconnu. Cette image.

Une image punaisée au mur de la chambrée, une autre au détours d’une rue, l’image ces corps au cinéma. Pourquoi conserver cette image, chercher à la rendre à la présence ? Parce qu’elle est primitive, qu’elle ne passe pas. De la folie des corps qui se laissent aller aux déversoir des images fascinantes. Qui fabriquent une espèce d’homme pris au flot, au trop…

Le désir des hommes pour les pin-up ; 50’s ; 60’s… C’est un corps que l’on donne à l’image, que l’on filme. Ce qui est toujours naissant. La scène primitive est toujours recommencée. Et jamais vue.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *