Les gars

Les Gars – Huile sur toile – 116 x 73 cm

L’image qui est devant moi tient de la galerie Gay et c’est quelque chose qu’il faut taire ou plutôt qu’il ne faut pas chercher à imaginer. il ne faut pas entendre ce qui ne se tait pas sur la photo. Une prise de vue, réalisée par un jeune homme, de ses deux copains soldats,  serrés l’un contre l’autre presqu’à poil sur un lit de camp. Image qui sera soigneusement rangée comme un souvenir, dans une boîte.  Il est à noter que celui qui manque sur la photo est celui qui voit la scène et la met en boîte. Si mon père l’a conservé dans son album c’est que l’image est prise par son appareil ou qu’on lui a passé. Entre copains de régiment. On conserve les négatifs. On s’échange les tirages.
D’autres clichés du régiment, entre 1957 et 1959, l’hélicoptère banane, le fusil de combat, des images de gamins sur la plage.
Une fraction de seconde pour prendre la photographie, 24 images/seconde pour un film… et les photos que j’extrais du film (copie d’écran numérique). Un doigt sur le clavier, une sélection, déplacement de la souris, un geste. Un clic encore (quelques secondes).
Le tableau contiendra quoi qu’il en soit plus de temps.
Un tableau a plus de présence qu’une photo, qu’un film.
Peindre c’est regarder et fixer un peu du temps. Toujours au présent.
« La photographie c’est la vérité et le cinéma c’est vingt quatre fois la vérité par seconde. »
Jean-Luc Godard – Le petit soldat – L’action se déroule en 1958. Au cœur de la guerre secrète. Censuré, Le film ne sera montré au public qu’en 1963.

Pour le corps sensible du regardeur, prendre une photo, c’est espérer que, ce qui est là, sera restitué, qu’on pourra le garder, le regarder.

La beauté d’Anna Karina… et la séquence de tortures. Images mêlées.
Des images et des mots :
Bruno Forestier : «  vers 1930, les jeunes gens avaient la révolution, par exemple Malraux, Drieu La Rochelle, Aragon… nous n’avons plus rien. Ils avaient la guerre d’Espagne, nous n’avons même pas une guerre à nous, à-part nous-même, notre propre visage et notre propre voix nous n’avons rien. Peut-être est-ce ce qui est important ? Arriver à reconnaître le son de sa propre voix et la forme de son visage. De l’intérieur il est comme ça ) et de l’extérieur il est comme çà (.
(il tire sur sa cigarette)
– Pourquoi vous m’aimez ?
– Je ne sais pas parce que je suis folle
Veronika cache son visage derrière sa main.

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